Opération Orfeo: une manifestation du néo-symbolisme?
La compagnie danoise ''Hotel Pro Forma'' présente un opéra contemporain aux accents symbolistes Metteur en scène : Kirsten Dehlholm, Chorégraphe : Anita Saij). En voici un petit aperçu:
Et voici ce qu'en dit le journal local lors de du passage de la compagnie au Théâtre de Caen dans le cadre des festival des Boréal:
Ouest-Franceà propos d'Opération Orfeo (http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_--Operation-Orfeo-au-theatre-de-Caen-_14118-avd-20091109-57106414_actuLocale.Htm).
Et voici ce qu'en dit le Théâtre de Caen:
''Premier spectacle de la saison proposé dans le cadre du Festival Les Boréales, Operation : Orfeo annonce un plaisir esthétique, sonore et visuel à nul autre pareil. Créée en 1993 par la compagnie danoise Hotel Pro Forma, cette oeuvre fait partie des rares créations contemporaines à perdurer. Succès jamais démenti, la compagnie a réussi à élaborer un projet original inspiré du mythe d'Orphée. Kirsten Delholm étonne par sa capacité à renouveler les liens entre architecture, littérature, science, art numérique et musique. Une expérience à ne pas manquer ! En aucun cas nous ne devons considérer Operation : Orfeo comme une transposition littérale de la quête d'Orphée descendant aux Enfers pour aller sauver sa bien-aimée Eurydice tenue captive par Hadès. Audacieusement adapté, ce parcours dans les ténèbres fait référence à la narration du mythe sans jamais l'illustrer. Il convoque avant tout nos sens et notre perception aux choses. La pièce débute dans le noir complet et c'est aux douze chanteurs du Latvian Radio Choir et à Baiba Berke, soliste, d'habiter cette obscurité de leurs voix. Notre ouïe s'aiguise petit à petit et devient hypersensible à la moindre note des musiques de Bo Holten, Christoph Willibald Gluck ou encore John Cage. Mais Operation : Orfeo est avant tout un opéra visuel développant un éventail de tableaux correspondant aux étapes du mythe : la descente aux Enfers, le retour vers le monde des vivants et enfin la perte, illustrés par des jeux d'ombres et de lumières. Les lignes strictes d'un escalier sont l'unique élément scénique où des silhouettes couronnées découpent l'espace dans une succession de gammes chromatiques qui tendent à modifier l'espace pourtant identique. Operation : Orfeo, en effet, joue des contraires. Entre le physique et l'onirique, l'abstrait et le concret, le matériel et le sensoriel, la poésie et la technologie, Hotel Pro Forma prouve son habileté à se servir d'effets hallucinatoires. Une oeuvre statique qui semble en mouvement, voici tout le paradoxe et la poésie d'Opération : Orfeo.''
Voilà, vous pouvez maintenant vous faire une petite idée de ce spectacle si vous ne l'avez pas vu.
Tout y est pour le classer dans la lignée du symbolisme: scénographie et jeu de lumière (sans compter un feu d'artifice final de lumières et de fumée, une vraie splendeur). Si ces escaliers rappel les décors en perspectives du symbolisme, le ''jeu de l'acteur'' nous fait songer aux théories de Lugné-Poe avec un jeu quasi-immobile, à la différence que le récitatif est remplacé par un chant somptueux. Ce spectacle est un véritable autre monde, la sensation d'irréalité est très forte. Nous sommes comme embarqué à bord d'un raz-de-marée, sur un bateau aux marins étranges, portant des robes longues aux poches magiques et des chapeau pointus...
Mais le mythe symboliste est rendu à l'état de matériaux, presque abstrait. D'orphée, on ne retient plus que quelques arias (Gluck et autres compositeurs). Il s'agirait d'un montage de textes, d'impressions, mais l'ensemble présente une unité assez exceptionnel à notre époque où le spectacle contemporain à tendance à accumuler sans lier. L'impression: Clair de lune et lumières pour la couleur et l'effet, et Le vertige, escalier magique de Léon Spilliart, un artiste
flamand remarquable (1881-1946).
Car ce spectacle est bien un ''escalier magique'' vers l'abstraction, on y repense comme un rêve décontextualisé et envoûtant. Serrait-ce osé de le comparé à un tableau vivant? Il me semble que le théâtre symboliste se veut un tableau vivant, un tableau qui sortirait de son cadre pour mieux nous toucher de l'intérieur. D'ailleurs le mythe dans le symbolisme n'est que prétexte et cet opéra nous le fait bien sentir...