Bonne nouvelle: Ensor est à la mode!
James Ensor, voilà bien un peintre symboliste inconnu de la majorité. Il a suffit d'une exposition à Orsay pour que ce peintre dénigré voit ses monographies sur toutes les bonnes étagères de librairies...
Sérieusement, trouviez-vous facilement des livres sur lui avant?
C'est donc l'époque de la fête, du carnaval, du masque burlesque. Les apparences sont trompeuses, les masques grimaçant, les couleurs chatoyantes comme la robe d'un perroquet. En voilà une bonne chose, dans une période actuelle dominée par la fourberie de la société de consommation, la médiatisation, la bonne pensée...
Enfin lui rend-t-on l'hommage qu'il méritait, pourvu qu'on ne l'oublie plus...
Outres les monographies qui rayonnent dans votre rayon d'art préféré, notez que le livre de Michel Gibson (cf Mon livre de chevet ) lui consacre une belle part en présentant Le foudroyement des anges rebelles, L'impressionnante entrée du Christ à Bruxelles et le Christ agonisant.
Et que dire de Masque regardant un saltimbanque noir analysé dans l'ouvrage de Norbert Wolf?
Dénonciation d'une société hypocrite, Ensor ne se contente pas d'être victime, le succès qu'il rencontra le déçu beaucoup, l'Art pour la société n'était pas vraiment le même que celui auquel pensaient les artistes. Et de nos jours? L'Art n'est qu'argent, investissement, rentabilité, ceux qui achètent sont les même qui font enfler les prix, peut importe que ce soit pour une étagère de mégots ou un portrait colorisé par Andy pourvu que ça ait de la valeur. Mais hélas, la valeur attribué à ces quelques artistes du commerce n'est plus à la hauteur de son oeuvre... Et que deviennent ceux qui ont du talent? Monde de l'art en crise!
Monde en crise tout court! Assez de faire semblant, on veut être nous même, mais qui sommes-nous? Sommes nous des masques? Des aveugles? Sommes nous comme ces Aveugles de Marleau (cf Enquête sur Denis Marleau: le spectacle symboliste contemporain?). Il me semble voir dans une partie du théâtre contemporain des reflets d'Ensor ou de se monde en crise. Après tout comme la dit Shakespeare, le Monde est un Théâtre... J'ai vus un peu de ce monde en crise, ce monde effrontément masqué dans des pièces comme Je tremble I et II (image 1) [cf renseignements ] mis en scène par Joël Pommerat ou encore Questo Buio de Pipo Delbono (image 2 et 3 ci-dessous) décrit par exemple sur fluctuat.net . Le théâtre du cabaret, oui, on peut bien dire d'Ensor que sa peinture est un reflet désabusé du cabaret du monde.
Ensor et ses masques grimaçant, Ensor et son Christ fragile, Ensor aux frontières de l'abstraction... Les limites floues que nous laisse Ensor sont autant d'endroits où placer nos doutes, où se reflète ses propres doutes, sa souffrances; notre mal-aise dans une société fourbe?
Oui, il est temps de se rappeler de James Ensor.